Une flamme dans la nuit antique

Affiche_2016_nbLa Nuit Antique organisée par les étudiants de l’Université de Genève démontrera combien l’Antiquité nous habite encore aujourd’hui. Quelques histoires de lampes pour éclairer le sujet.

Retenez les nuits du vendredi 15 et du samedi 16 avril 2016 : les étudiants de l’Université de Genève vous feront partager la Nuit Antique avec des spectacles, des ateliers, des démonstrations, de la nourriture, une procession, des expositions et bien d’autres choses encore.

Dans l’Antiquité, une des caractéristiques de la nuit était le manque d’éclairage : pas de réverbères, mais seulement des torches, des bougies ou des lampes à huile. Les lampes en particulier étaient les témoins privilégiés de la nuit, notamment dans l’intimité du logement.

Voici donc trois épigrammes, brefs poèmes de la période hellénistique où des lampes témoignent de l’amour, parfois de la jalousie de leurs propriétaires, dans l’obscurité de la nuit.

« Lampe d’argent, je suis le fidèle témoin nocturne des amours : Flaccus m’a offerte à Napé l’infidèle. Maintenant, je me consume à côté du lit de la parjure, observant son comportement honteux qui fait tant souffrir. Flaccus, de pénibles soucis t’empêchent de dormir ; mais toi et moi, séparés, nous brûlons. »

[voir Anthologie palatine 5.5 (Statyllius Flaccus)]

« Lampe, c’est par toi qu’Héracléa, lorsqu’elle était là, a juré à trois reprises qu’elle viendrait ; mais elle n’est pas là… Lampe, si tu es une divinité, punis la traîtresse ! Au moment où elle s’amusera avec son amant chez elle, éteins-toi et refuse-lui ta lumière. »

[voir Anthologie palatine 5.7 (Asclépiade)]

« Nuit sacrée, et toi, lampe, nous n’avons choisi personne d’autre que vous pour témoigner de nos serments : il a juré qu’il m’aimerait, et moi j’ai promis de ne jamais le quitter. Vous en êtes tous deux témoins. Or voici qu’il prétend que ces serments sont inscrits sur l’eau ! Et toi, lampe, tu le contemples dans les bras d’autres femmes. »

[voir Anthologie palatine 5.8 (Asclépiade)]

Amoureux ou jaloux, brûlées par la passion ou infidèles, que la Nuit Antique sache bien vous accueillir !

Une réflexion sur “Une flamme dans la nuit antique

  1. Quand on sait tout ce que représente comme organisation l’instauration d’un tel festival – j’ai lu le programme -, on ne peut que féliciter les organisateurs et espérer que les visiteurs seront nombreux.
    Ces épigrammes hellénistiques concernant les lampes sont comme de petits bibelots précieux et fins, non pas des bibelots kitsch comme il en existe tant, mais plutôt de petites pièces très travaillées comme on ne prend plus le temps d’en faire de nos jours, puisque les objets de notre temps doivent être avant tout fonctionnels et secondairement beaux. Ces épigrammes, au contraire, doivent être avant tout spirituelles, bien travaillées et secondairement peut-être utiles à quelque chose.
    Le conte d’Apulée « Amour et Psyché », puisqu’il est écrit en latin et que ce blog concerne les textes grecs, est ici un peu hors-sujet, mais comme une lampe à huile y joue un rôle déterminant, on peut quand même le citer. Cette lampe et la goutte d’huile brûlante qui en tombe sont très importantes et forment un tournant dans l’histoire d’Amour et Psyché. A lire…Une autre série de lampes et de lanternes que j’aime aussi beaucoup se trouve dans les Histoires véritables de Lucien: là, Lucien, dans son vol planétaire, arrive sur une planète peuplée de lampes: tout ce qui chez nous est un être humain, est une lampe là-bas. Il y a donc des lampes riches et des lampes pauvres, des grandes et des petites, des lampes qui doivent se justifier d’arriver en retard, des lampes qui invitent Lucien et ses compagnons à venir dans les lanternes où elles habitent. Mais Lucien et ses compagnons ont un peu peur de ce peuple étrange de lampes et n’acceptent pas l’invitation. Quelle imagination! Dans notre société, l’imagination n’est globalement pas cultivée, le réalisme, oui.
    De nos jours, nous avons la « Fée électricité » qui nous permet de veiller même quand le soleil s’est couché et qui multiplie ainsi nos élucubrations. Pourquoi des élucubrations? Parce que, au sens étymologique, les élucubrations sont les idées que nous produisons le soir, à la lumière artificielle d’une lampe. En raison de l’électricité, nous élucubrons plus et nous dormons moins que nos ancêtres. Or, le sommeil n’est pas du temps perdu, c’est du temps pendant lequel le cerveau travaille à classer les informations de la journée. Avec des lampes à huile, moins confortables pour les yeux, nous serions plus reposés et nous produirions donc moins d’élucubrations. En fait, la Fée électricité, si magique quand même, nuit aussi à notre santé…

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