Un froid exceptionnel sévit en Europe, affectant surtout les personnes les plus fragiles. Le héros Ulysse nous raconte une histoire de couverture.
Lorsque le froid sévit, ce sont les personnes les plus fragiles qui trinquent. Or en ce moment, nous avons affaire à un véritable froid de Sibérie. Pendant cette semaine, des dizaines de personnes seront mortes de froid dans les rues, parfois parce qu’elles n’ont pas d’autre solution, parfois par choix de rester dehors, ou alors parce qu’elles ne supportent pas les conditions des abris de fortune qu’on leur met à disposition. En Belgique, les autorités de la ville de Liège ont décidé de forcer des sans-abris à intégrer un hébergement d’urgence. Cette mesure suscite des réactions très vives parmi les associations d’aide aux sans-abris. Peut-être une mauvaise bonne idée, comme on dit.
Alors, en attendant que le froid ait la gentillesse de déguerpir, voici une petite histoire fabriquée de toute pièce par Ulysse. Ce dernier vient d’arriver sur son île d’Ithaque, déguisé en vieux mendiant. Accueilli par son porcher Eumée dans la campagne d’Ithaque, il ne porte que des hardes trouées. Or il fait froid ce soir-là, et Ulysse se demande si Eumée va lui prêter un manteau ou une couverture pour passer la nuit. Il lui fait donc le récit suivant :
« Ah ! Si seulement j’étais encore jeune, et que j’aie encore la vigueur qui était mienne lorsque nous avons mené ce raid sous les murs de Troie ! Ulysse et l’Atride Ménélas, et moi en troisième (ils m’y avaient incité), nous conduisions le détachement.
Lorsque nous sommes arrivés près de la ville et de sa muraille élevée, nous nous sommes cachés dans des buissons touffus, parmi les roseaux d’un endroit marécageux, blottis sous nos armes. La nuit est arrivée, et un méchant vent du nord s’est abattu sur nous, glacial. Une neige givrante est tombée, froide ; des glaçons se formaient sur le bord de nos boucliers.
Tous les autres avaient des casaques et des manteaux. Ils dormaient tranquillement, leurs épaules casées sous leurs boucliers. Quant à moi, j’étais venu en laissant ma casaque à mes compagnons. Quelle imprudence ! Je ne pensais en tout cas pas qu’il allait geler, mais j’avais suivi les autres en n’emportant que mon bouclier et un sous-vêtement de tissu clair.
Nous en étions au dernier tiers de la nuit, les étoiles s’étaient effacées dans le ciel, et c’est alors que je me suis adressé à Ulysse, qui était à côté de moi, en le tapotant au coude. Il m’entendit tout de suite.
‘Fils de Laërte, descendant de Zeus, Ulysse aux mille ruses, je ne vais plus en sortir vivant, le froid est en train d’avoir raison de moi ! Je n’ai pas de manteau : une divinité malfaisante m’a induit en erreur en me poussant à venir vêtu d’un seul sous-vêtement. Désormais, plus d’autre issue que la mort.’
À mes paroles, Ulysse a tout de suite trouvé une idée ; c’est un personnage unique, à la fois pour réfléchir et pour combattre. À voix basse, il m’a dit :
‘Silence, maintenant, de peur qu’un autre Achéen ne t’entende.’
La tête appuyée sur son coude, il s’est écrié :
‘Mes amis, écoutez-moi ! Un dieu m’a rendu visite dans mes rêves. Nous sommes trop éloignés de nos navires. Or il faudrait que quelqu’un aille dire à l’Atride Agamemnon, chef des armées, de nous envoyer plus de monde depuis les navires.’
À ces paroles, Thoas fils d’Andrémon se leva rapidement, enleva son manteau de pourpre, et partit au pas de course vers les navires. Et moi, je me suis emmitouflé avec délices dans son manteau, tandis que l’Aube au trône d’or faisait son apparition.
Maintenant aussi, puissé-je être encore jeune, avec toute ma vigueur ! Quelqu’un dans cette porcherie me donnerait un manteau, soit par amitié soit par respect pour un homme vaillant. Mais on ne me respecte pas, alors que je n’ai sur la peau que de vilaines guenilles. »
Qu’on se rassure : Eumée comprendra le message et s’assurera qu’Ulysse puisse dormir au chaud cette nuit-là. Souhaitons que, demain, tous ceux qui cherchent un peu de chaleur parviennent à la trouver.
[image: l’ancien billet de 100 francs suisses, Saint Martin partageant son manteau avec un lépreux.]
Θυμάμαι ότι είχαμε κιόλας αυτό το θέμα, όταν έγραφα ακόμα στα Γαλλικά. Για μένα είναι ένα σημαντικό θέμα, το οποίο μ’επηρεάζει και μ’απασχολεί από χρόνια. Την προηγουμένη φορά, σκέφτηκα κιόλας ότι η λέξη κρύο έχει μια κυριολεκτική σημασία, που σχετίζεται με την θερμοκρασία, αλλά και μια μεταφορική σημασία, που σχετίζεται με το ότι καποίος δεν νιώθει καλά στην κοινωνία μας. Οι άνθρωποι που κοιμούνται έξω ξέρουν και τα δύο, την κυριολεκτική και την μεταφορική σημασία της λέξης κρύο.
Θαυμαζω τον άγιο Μαρτίν, γιατί έσχισε το παλτό του για να δώσει το μισό από αυτό σ’ένα φτωχό. Είναι μια δυναμική εικόνα. Οι πλείστοι δεν μπορούν να κάνουν κάτι τετοίο, αλλά τουλάχιστον είναι μια αφορμή για να είμαστε λίγο πιο γενναιόδωροι με αυτούς που υποφέρουν.
Όπως το έγραψα στην αρχή του Ιανουάριου, διαβάζω τακτικά, σχεδόν καθημερινά δηλαδή, ολόκληρη την Ωδυσσεία στα αρχαία. Είμαι τώρα στο βιβλίο Κ, που αφηγείται την ιστορία του Αιόλου και ετσί είμαι μπροστά στο πρόγραμμα μου. Το 2018, αν έχω καιρό, θα διαβάσω επίσης την Ιλιάδα. Φοβάμαι όμώς ότι η Ιλιάδα θα μ’ αρέσει λιγότερο από την Ωδυσσεία, επειδή αφηγείται πόλεμο και μαχές. Θα δούμε.
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