La recherche scientifique ne cesse de nous étonner : on a enfin percé les mystères du tricot. Après le saut des puces et le bourdonnement des cousins péteurs, il était grand temps que la science fasse un bond en avant.
La recherche scientifique produit des résultats parfois surprenants : des chercheurs de l’École Normale Supérieure de Paris ont résolu le mystère de la physique du tricot. Les sciences dures, c’est quand même quelque chose, non ?
Lorsque Madame Durand tricote un pull pour sa fille ou une écharpe pour son gendre, les mailles se mettent en place selon une structure que les physiciens n’avaient pour l’instant jamais formalisée. Les esprits chagrins rétorqueront que les sous du contribuable sont décidément bien mal dépensés. Quoi ? On paie à prix d’or des chercheurs de l’ENS pour expliquer les mailles de tricot ?
Pour consoler les grognons, on pourra rappeler que le poète comique Aristophane nous a laissé des traces de la recherche scientifique de l’Athènes classique, où les préoccupations – si l’on en croit notre grand farceur – auraient tourné autour de la longueur du saut des puces. Un autre objet d’étude aurait résidé dans le bourdonnement des cousins, ces insectes proches des moustiques. Voyons donc quels auraient été les résultats obtenus par un chercheur renommé de l’Athènes du Ve siècle av. J.-C.
- Voici peu, Socrate a demandé à Chéréphon combien de longueurs de ses propres pattes saute une puce. Il faut dire qu’elle avait piqué Chéréphon au sourcil, avant de sauter sur la tête de Socrate.
- Comment donc s’y est-il pris pour mesurer cela ?
- Très adroitement : il a fait fondre de la cire, puis il a pris la puce et lui a plongé les deux pattes dans la cire, et ensuite la cire refroidie lui a fait une paire de bottes persiques. Il les lui a ôtées, puis il a mesuré leur pointure.
- Tonnerre de Zeus roi, quelle subtilité d’esprit !
- Que dirais-tu alors si tu entendais parler d’une autre découverte de Socrate ?
- Laquelle ? Allez, vas-y, dis-moi !
- Chéréphon de Sphettos lui a demandé son avis sur la question suivante : lorsque les cousins bourdonnent, le font-ils par la bouche ou par le cul ?
- Et qu’a-t-il dit à propos du cousin ?
- Il a affirmé que l’intestin du cousin est étroit, et à cause de cette étroitesse, le souffle file tout de suite violemment vers l’arrière. Ensuite, comme l’intestin communique avec l’anus, celui-ci résonne sous l’effet de la violence du souffle.
- Ah ! le cul des cousins est donc une trompette ! Il en a de la chance, de pouvoir examiner l’intérieur des intestins ! Il doit facilement échapper à un procès, celui qui sait ausculter les intestins des cousins.
- L’autre jour, cependant, il a raté une grande idée à cause d’un lézard.
- Comment ça ? Raconte !
- Il était en train d’observer la trajectoire et l’orbite de la lune, la tête en arrière et la bouche grande ouverte. Et voilà que depuis le toit, en pleine nuit, un lézard lui a chié dans la bouche !
Ce passage d’Aristophane prouve deux choses. Premièrement, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, la recherche scientifique continue de faire des bonds prodigieux en permettant de résoudre des problèmes fondamentaux de notre existence. Deuxièmement, les chercheurs d’aujourd’hui sont plus prudents qu’à l’époque de Socrate et Chéréphon : en résolvant les mystères du tricot, il ne risquent pas qu’un lézard leur chie dans la bouche.
Die Forschung treibt seltsame Blüten, wie man so blumig sagt. Währenddessen einfach Altgriechisch lesen können hat keinen Wert auf dem Arbeitsmarkt. Das ist hart.
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