Match truqué : pas grave, ça s’est toujours fait

wrestlingUn match truqué, dans lequel l’un des concurrents accepte de se faire payer pour perdre. Scandaleux ? Sans aucun doute. Nouveau ? Pas du tout.

Un joueur de tennis se fait payer pour perdre un match. Selon toute vraisemblance, il a été approché par des personnes qui comptaient réaliser de juteux bénéfices sur des paris sportifs.

Lorsqu’on peut se faire de l’argent avec le sport, tous les moyens de tricher existent : dopage, corruption de joueurs, commissions occultes pour des arbitres etc. Lors des Jeux Olympiques de Sotchi, les Russes ont allègrement bafoué les règles du fair-play pour faire bonne figure au palmarès.

Nos chers amis ont eu un peu de peine à admettre qu’ils avaient triché, mais ce n’est pas grave puisqu’ils ont été réintégrés dans la danse. On ne pouvait tout de même pas se passer d’eux, non ?

On pourrait facilement penser qu’il s’agit d’un fléau récent, lié aux progrès de notre merveilleuse société capitaliste, informatique et médiatique. Qu’on se détrompe : la tricherie sportive institutionnalisée existait déjà au IIIe siècle de notre ère. Nous possédons en effet un contrat dans lequel l’une des parties s’engage à perdre un match de lutte. Il s’agit d’un papyrus retrouvé dans les ruines de la cité d’Oxyrhynque, en Égypte.

5209

« (…) Aurelius Demetrios, pour lequel vous fournissez une garantie, s’est mis d’accord avec mon fils Aurelius Nikantinoos, dans le match de lutte de la catégorie junior, que Nikantinoos tombera trois fois et qu’il perdra (… et qu’il) recevra par votre entremise trois mille huit cents drachmes d’argent en monnaie usagée libres de tout risque. Dans le cas où – espérons que cela ne se produise pas ! – Nikantinoos perdrait (…) mais la couronne de la victoire ne serait pas attribuée [= ex aequo], nous n’engagerons pas de poursuites à ce propos. Si Demetrios enfreint l’un des termes de l’accord sur lequel nous nous sommes entendus par écrit à l’égard de mon fils, de même vous paierez à mon fils sur-le-champ, pour malversation, trois talents [= 18’000 drachmes] d’argent en monnaie usagée, sans délai ni excuse, en vertu du droit de garantie, puisque nous avons conclu notre accord en ces termes. »

[Papyrus d’Oxyrynque LXXIX 5209.7-21 (23 février 267 ap. J.-C.)]

Nos tricheurs modernes sont des saints. Ils pourraient au moins songer à établir des contrats écrits, et prévoir des clauses punitives au cas où l’adversaire aurait la mauvaise grâce de gagner alors qu’il avait promis de perdre. Une autre fois, il faudra que nous évoquions un autre cas, assez cocasse lui aussi, d’une course de chars sur laquelle un spectateur a jeté un mauvais sort.

Une réflexion sur “Match truqué : pas grave, ça s’est toujours fait

  1. Ένα παρά πολύ δύσκολο αρχαίο κείμενο, επειδή υπάρχουν τόσα πολλά κενά. Κάποιος συμπλήρωσε αυτά τα κενά, μια θαυμάσια δουλειά της επιμονής.

    Αλλιώς είναι αναίδεια ότι όχι μόνο έκαναν μια απάτη, αλλά και την έγραψαν σε μια σύμβαση «en bonne et due forme» που έχουμε ακόμα. Απίστευτο.

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