Il a mangé un oursin entier

OLYMPUS DIGITAL CAMERALes oursins, cauchemar et délices des vacances dans le sud

Alors, ces vacances en Grèce, ça s’est bien passé ? Cet été, de nombreux touristes ont profité des charmes de la mer, tout en cherchant un compromis avec les oursins : on évite de mettre le pied dessus, mais on les mange volontiers (dans le sud de la France, on appelle cela une « oursinade »).

Encore faut-il savoir comment préparer l’animal, sinon il risque de vous rester en travers de la gorge. Un Spartiate d’autrefois nous a laissé un souvenir impérissable de sa consommation d’oursins. L’anecdote figure dans un ouvrage immense, désormais perdu, rédigé par Démétrios de Skepsis.

Originaire d’une petite ville à environ 30 km de Troie, Démétrios a noirci au moins vingt-six rouleaux de papyrus à décrire les contingents de soldats qui avaient défendu la célèbre citadelle. Il fait de nombreuses digressions et, pour une raison qui nous échappe, il a signalé le cas particulièrement cocasse du Spartiate oursinophage.

« Démétrios de Skepsis, dans le vingt-sixième livre de son Ordre de bataille des Troyens, raconte qu’un Laconien [= Spartiate] fut invité à dîner. Sur la table, on avait disposé des oursins de mer. Il en prit un, mais ne savait pas comment cela se mangeait, et il ne fit pas attention à la manière dont les autres convives les consommaient. Il mit alors l’oursin dans sa bouche, avec tout ce qui l’entourait, et se mit à le mâcher .

Il eut de la peine à le manger et, ne comprenant pas pourquoi cet aliment lui opposait une telle résistance, il s’exclama : ‘Mais c’est dégueulasse, cette nourriture ! Toi, maintenant que je t’ai ramolli, je ne vais pas te laisser filer ; mais je n’en reprendrai plus !’

[Démétrios de Skepsis, Ordre de bataille des Troyens, fragment 15 dans la vieille édition de Richard Gaede (1880)]

Vous voilà désormais avertis : les oursins, on ne marche pas dessus, et on ne les mâche pas, du moins pas avant de les avoir décortiqués.